20 octobre 2006

Vendredi 11 Août 2006



Enfin, j'ai l'impression d'avancer. Un rien finalement. Cela nous aura pris la matinée. Nous avons dégagé la salle de tout ce qui ne la concernait pas, avons retiré les livres et les avons rangés sur les étagères avec les enfants, ceux qui étaient là, en réalité ! Après ça nous avons pu étaler les 12 nattes au sol, et enfin Nanou a décidé de mettre le tableau dans le coin où la porte est condamnée. La salle a maintenant un tout nouvel aspect ! Nous avons également fait un petit jeu avec les enfants pour leur apprendre rapidement à ranger les livres au bon endroit. Cela va demander du temps car nous sommes conscients que ça n'est pas évident pour eux, mais en les habituant un peu tous les jours je suis persuadée qu'ils apprendront de mieux en mieux.

Maëlle a mal aux dents aujourd'hui. Peut-être est-ce lié à ses maux d'oreilles...JB ira certainement au dispensaire avec elle en emmenant Ama pour sa blessure à la cheville.



C'est drôle la manie que l'on a à prendre un malin plaisir à critiquer ce que l'autre fait en restant borné à sa vision des choses. Critiquer c'est facile. On s'en prend tous plus ou moins plein la gueule. Nos humeurs, nos façons de voir les choses, nos caprices...On essaye de prendre sur soi quand les réactions ne nous plaisent pas pour ne pas envenimer les choses. Ça sort parfois et c'est aussi bénéfique. Mais c'est souvent désolant, écoeurant, d'observer la façon dont on se parle parfois. Ce ton méprisant ou pas agréable. On s'aperçoit soi-même de sa bêtise quelque fois, moi-même je me prends à être désagréable...et ça fait mal. Discuter pour comprendre l'autre dans ses positions est quelque chose de très très difficile pour chacun. Dans tous les domaines : politique, relationnel, scientifique...est. La tolérance. Un énorme effort sur soi-même. Accepter que l'on a pas forcément raison, pas forcément la bonne idée...Un long travail !



Maintenant tout va se construire sur la patience et la répétition, du moins c'est mon avis. Il y avait deux groupes cet après-midi : un avec les grandes pour préparer le jeu du mistigri (et cela a pris tout l'après-midi), et un autre avec les plus jeunes pour les inviter à dessiner des arbres en proposition pour le projet de la fresque murale [idée complètement déplacée après réflexion NDLR]. Comme a observé Arnaud nous avons sous-estimé les grandes en leur proposant un jeu basé sur un assemblage de mots plutôt simples. Mais nous les avons également sur-estiméés au niveau du dessin. Certaines âgées d'environ 15 ans dessinent comme des enfants d'une dizaine d'années. Cela me fait penser à ce que me disait Maurice hier : à l'entrée en 6e, les enfants sont...je ne me rappelle plus du terme mais en gros l'idée est qu'on réévalue leur âge de sorte que Maurice, par exemple, né en 1979 a été "réévalué" en 1984...ce qui fait quand même 5 années de différence !
Pour revenir à cette journée, elle était positive pour moi et même si notre planning est et sera continuellement chamboulé, il va nous servir de base. Je pense maintenant que c'est grâce à de simples choses que nous pouvons les amener à la lecture.



Daniel Pennac, Comme un roman. Très bon livre je trouve, plutôt juste. Je l'ai trouvé dans les livres que nous avons rangés dans les étagères. Et il parlait justement du rapport que nous avions au livre. Il m'a même un peu "ouvert les yeux" sur certaines méthodes que nous pourrions appliquer à notre projet comme la lecture à voix haute. Mais il y m'a également gênée quant à sa présence ici, dans une salle de lecture sénégalaise. Beaucoup de choses m'ont "parlées" dans ce livre parce qu'il fait référence ou plutôt appel à des repères que j'ai de la vie quotidienne. Le problème est qu'ici les repères ne sont pas les mêmes et que raconter une histoire à son enfant avant de dormir ou parler de l'influence de la télévision sur les jeunes...enfin plein de choses qui n'ont pas lieu d'être ici et qui n'auront pas du tout le même impact sur les gens d'ici.



Un dîner encore houleux. La question repose sur l'organisation même de la salle en tant que salle de lecture ou bibliothèque en tant que telle avec un système de prêt. Là, deux visions différentes :
- Samuel et Jb pour "laisser faire" et se reposer sur la communauté pour faire confiance quant au rendu des livres...
- Et les autres, dont je fais partie, qui pensons qu'il serait plus judicieux d'instaurer un système d'inscription dans un cahier pour le suivi des prêts.
Entre les deux, marie-Louise et Nico qui nous soutiennent de toute façon et nous aideront au mieux à trouver la solution la plus adaptée aux besoins et attentes des gens du village.